Après une ultime humiliation de la part d'un membre des ALPHA, n'ayant même pas eu la bonté de lui offrir un simple sourire face à sa détresse, Alma en a eu assez. C'était décidé, elle n'en pouvait plus, elle en avait marre de se voir traiter comme de la pourriture. Les chiens des ALPHA se voyaient offrir ce qu'on lui refusait, à elle.
Elle a donc réfléchit longtemps, très longtemps. Il fallait qu'elle trouve un moyen de faire imploser cette société. Oui, imploser, la détruire de l'intérieur en s'attaquant aux racines de cette sélection génétique injuste et inéquitable. Il était temps.
Après quelques temps à se creuse la tête, elle eu une idée : le meilleur moyen de briser cette hiérarchie de castes, c'était encore d'en brouiller les frontières. Il fallait donc que les castes se mélangent, et ce, de manière volontaire.
Depuis peu, elle avait remarqué que, malgré son physique ingrat, le chef de la milice des BETA, Tristan, lui jetait des regards différents, presque...passionnés ? Ferait-il partie de ceux qu'on appelle les paraphiles ? Ces outsiders, obligés de se cacher pour exprimer leurs réels désirs et attirances. Il fallait qu'elle tente une approche afin de confirmer sa théorie.
Après quelques jours à traîner près de l'immense porte de cuivre séparant le secteur des BETA de celui des DELTA, Alma put enfin croiser celui qu'elle attendait. Tristan avait été alerté par ses subordonnés qu'une des affreuses de DELTA passait ses journées à traîner à la frontière malgré les avertissements lancés par la milice. C'était louche. Il s'était donc décidé à aller vérifier par lui-même. Elle était là, en plein milieu de la rue, seule et inoffensive. Elle lui lançait des regards appuyés et langoureux qui le firent frissonner.
Il s'approcha d'elle et fit mine de la pousser en lui grognant de rentrer chez elle, et il profita de l'occasion pour lui souffler : "Rendez-vous ici à 11h".
Alma triomphait, elle l'avait dans la poche.
Le soir-même, elle était au lieu du rendez-vous. Caché sous un capuchon noir, Tristan attendait. Il lui fit signe de la main de ne pas parler, et lui prit le bras pour l'emmener, traversant par une porte secrète qu'elle n'avait jamais remarqué auparavant. Ensemble, ils traversèrent à toute vitesse les ruelles du secteur BETA, sous le regard interloqué et envieux d'Alma. Tant de richesses et d'opulence, des voitures de luxe, des grandes façades de maisons bourgeoises.. Pendant que la population DELTA crevait de faim. Cette vision renforça sa détermination. Après quelques dizaines de minutes de marche, Tristan les arrêta devant une maison, la sienne. Il les fit passer par une petite porte à l'arrière, sûrement celle des domestiques, et l'emmena à l'étage.
Tristan s'était endormit après avoir fini. Alma attendit ce qui lui semblait être des heures, avant d'oser bouger. Elle vérifia que son "nouvel ami" était bien assoupit, sa respiration était lente, et son rythme cardiaque régulier. Elle se leva doucement, et s'approcha de son objectif : l'evatronic, une arme puissante, capable d'expulser divers calmants, somnifères, ou encore poison. Elle mit l'objet dans son sac, et se sauva rapidement, retraçant le chemin jusque chez elle de mémoire.
Arrivée saine et sauve chez elle, Alma se mit au travail.
Il lui fallut plusieurs jours pour modeler l'arme selon sa convenance. Après plusieurs modifications électroniques et chimique, elle parvint au résultat qu'elle espérait. D'une arme mortelle, Alma avait créé une arme d'amour, en remplaçant les calmants et poisons par un "philtre amoureux", un savant mélange d'hormones et de phéromones responsables du sentiment amoureux, conduisant à la production en masse de l'ocytocine dans le cerveau de l'infecté. Pour faire imploser la société, ses membres devaient se mélanger volontairement, et quoi de mieux que les pulsions et sentiments pour chambouler l'ordre établit ?
Elle allait remplacé la mortalité, par la création de nouvelles vies.
Ainsi, après avoir finit son oeuvre, elle attendit la bonne occasion. Elle observait d'un oeil perçant ce qui l'entourait. Jusqu'au jour où elle aperçut Amélia, l'une des représentantes des ALPHA, qui descendait dans la fange des DELTA faire sa bonne action mensuelle. Elle portant un panier de fruits pourris et de pain sec, restes de leurs fastueux repas, les distribuant aux pauvres mourant de faim. Alma grinça des dents, madame était trop bonne. Elle s'approcha alors lentement, pour ne pas attirer l'attention des gardes autour, puis sortit rapidement l'evatronic de sa poche et de le diriger vers Amélia. Elle tira.
Au même moment, Bertrand, du secteur des OMEGA, passait. Le pauvre homme rentrait du travail, de l'usine du coin. Lui aussi fut touché par le rayon.
Les deux furent sonnés pendant quelques secondes, puis reprirent leurs esprits. Ils se regardèrent intensément, et se jetèrent l'un sur l'autre, s'embrassant à pleine bouche, comme si leurs vies en dépendaient.
Alma avait réussie.
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